Situé sur une colline de la rive gauche du Verdon, face au village de Gréoux, le site d’Aurafrède a été un petit fief à part entière, tombé ensuite aux mains des seigneurs de Gréoux. Étymologiquement l’endroit semble tirer son nom du vent froid, particularité climatique due aux gorges du Verdon. A compter du XVème siècle, la communauté du lieu (Aurafrigida au XIIIème siècle), est complètement décimée. Toute trace de vie et d’occupation humaine disparait, à l’exception de Notre-Dame d’Aurafrède, encore appelée chapelle des Œufs  ou Sanctuaire des Hauteurs.

L’histoire du site, qui constitue la partie la plus haute et accidentée du territoire de Gréoux, a été peu étudiée. L’expression relevée dans un registre du diocèse de Riez « Prior Ecclesie Beate Marie de Aura Frigida » indique une dévotion à la Vierge Marie qui peut expliquer une légende attachée de longue date à ce petit édifice religieux, autrefois objet d’un culte païen.

 

L’accès au sanctuaire, lieu incontournable de randonnées, s’effectue au départ de Gréoux, par des sentiers accidentés et sinueux. Il est également possible d’emprunter, après la traversée du pont sur le Verdon, une portion de voie carrossable et terminer à pied pour découvrir un panorama éblouissant et l’édifice, objet d’un culte pagano-chrétien.

La sauvegarde de Notre-Dame des Œufs, telle qu’on la découvre aujourd’hui est à mettre à l’actif des « Amis de Gréoux ». Grâce à une souscription, l’association a pu restaurer la chapelle et la rendre au culte.

Deux pèlerinages s’y déroulent les 25 mars et 8 septembre. Ces dates ne doivent rien au hasard. La première qui correspond au jour de l’Annonciation, annonce de la maternité divine, peut être décalée si elle se situe pendant le Carême. La seconde est celle de la nativité de la Vierge. Pour simplifier et favoriser la présence des pèlerins la première célébration a eu lieu le lundi de Pâques, premier jour après la rupture du jeûne.

La chapelle est une modeste construction rectangulaire d’environ dix mètres de long sur cinq de large, couverte d’un berceau de blocage renforcé par un arc doubleau de pierres appareillées. Elle n’est éclairée que par la porte en anse de panier surmontée d’un oculus et par une « meurtrière ». Les ruines d’un ermitage sont accolées à son flanc sud. Son dernier habitant, un homme original du nom de Faure, prétendait être Louis XVII, évadé du Temple.

Le sanctuaire des Hauteurs est surtout, au terme d’un rite très ancien, largement décrié par l’Eglise, celui de la Fécondité. Lors du pèlerinage de printemps, les femmes désirant un enfant, montaient à la chapelle, porteuses d’un œuf dans chaque main. Parvenues au sanctuaire, elles en gobaient un, enterraient l’autre. Si elles le retrouvaient à l’automne, elles étaient fécondes.

Il n’est pas rare de retrouver des œufs sur ce site. Il est plus fréquent encore de pouvoir y trouver des suppliques, des demandes concernant la santé, le bonheur ou des remerciements pour une naissance.

Source: D.B

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